Noël

Sur mon pull en laine, les souvenirs de mes nombreux noëls passés en famille me grattent.
Je me souviens chaque année, lorsque ma grand-mère nous offrait ses fameux pulls moches...et que je les portais pour lui faire plaisir.
Sous le sapin, mes chaussons perdaient pied. C'était drôle cela aussi...lorsque avant d'aller nous coucher, chacun d'entre nous mettait sa paire, lorsque l'une des deux pantoufles n'était pas cachée sous le canapé pour échapper au sort de celle qui à côté, sentait mauvais.
Une orange et des biscuits pour régaler le père noël, il a dû avoir le ventre plus gros que les yeux...pour ne pas s'apercevoir qu'un jour, les oranges étaient en plastique et le lait était périmé... (ce jour-là, ce fut son dernier repas)
Le matin, nous avions interdiction d'ouvrir les cadeaux tant que tout le monde n'était pas réveillé... et c'était très long...lorsque l'on était debout depuis 6h00 du matin.
Lorsque l'heure des cadeaux arrivait, tout le monde commençait à s'emballer et se demandait : « QUI A LE PLUS GROS CADEAU ? »
Le pire c'était les cadeaux en commun « Pour Jules et Julia ». A ce moment-là, je me disais : « ce n'est pas possible, le père noël a quand même dû penser à un de nous deux en premier pour le choisir... », j'avais les boules... On se faisait parfois enguirlander lorsque nous voulions ouvrir le paquet plus gros d'à côté.
A peine avons-nous eu le temps de jouer que l'on devait partir chez papy et mamie ouvrir les autres cadeaux (avec le pull qui gratte).
Je me souviens qu'une fois, un noël, nous avons planté notre tante... Elle nous attendait depuis midi tata Florence. En même temps, cela faisait 10 ans qu'elle ne nous donnait plus de nouvelle... et puis du jour au lendemain, chantent les sardines !
Bref, les repas de noël c'était chouette mais j'en avais ras le pompon des blagues que mon grand-père nous ressortaient chaque année :
« Que mange le père noël le soir du réveillon ?
- Du pâté de maison, on sait papy...
Je vous assure, pour trouver cette blague, il a beaucoup cheminé.
Mais malgré tout, je donnerais n'importe quoi pour revivre ses moments.
Je donnerais tout pour réentendre la voix de ma grand-mère qui me disait avec des étoiles dans les yeux : « Tu as mis le pull que je t'ai acheté ! »
Je donnerais tout pour prendre mon pied et revivre ses moments face au sapin, avant d'aller se coucher, (j'ai retrouvé ma deuxième pantoufle) et pour poser mon petit verre de lait et mon orange face à la cheminée.
Je donnerais tout pour n'avoir comme soucis « le plus gros cadeau » au pied du sapin. Je donnerais tout pour réentendre les blagues de mon grand-père (il doit bien faire rire les autres au cimetière.)
Et tata Florence doit être serrée au fond de cette boîte...
Petit, je n'étais pas content des jouets qu'avec ma sœur on avait en commun ;
aujourd'hui, je ferais tout pour partager de l'amour avec ceux qui m'aiment et qui viendront attendre noël avec moi, debout, à 6h00 du matin.
